Apis mellifica
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Par Yves Paccalet
Insecte piqueur qui devrait piquer plus souvent l’humanité. (C’est un allergique au venin qui l’écrit !) Certaines abeilles sont solitaires, d’autres sociales. La domestique Apis mellifica fournit le miel, la cire, la gelée royale, la propolis et un formidable travail de pollinisation bénévole. Au sens large, les butineurs assurent la fécondation des quatre cinquièmes des fleurs sauvages, du tiers de la masse de nos produits agricoles et des deux tiers de leur diversité.
« Lorsque l’abeille disparaîtra, l’humanité n’aura plus que quelques années à vivre… » On attribue cet avertissement à Albert Einstein. Peu importe qu’il l’ait ou non prononcé (la deuxième hypothèse est la plus probable) : il énonce une inquiétude… Partout dans le monde, les abeilles sont en péril. Les apiculteurs dénoncent les méfaits de virus, de bactéries, de champignons pathogènes ; de l’acarien parasite varroa ; du frelon asiatique ; ou de la simplification de la flore à cause de la monoculture. Ils imputent le désastre au changement climatique qui aiguise les extrêmes (gelées, canicules, tempêtes…) ; ou encore (hypothèse mal documentée) aux ondes des téléphones portables qui perturberaient le langage bourdonnant d’Apis mellifica… Les causes majeures du drame restent, bien sûr, les insecticides... On ne fera croire à personne (même si les firmes chimiques dépensent beaucoup d’argent à démontrer le contraire) que les produits qui tuent les « nuisibles » (pucerons, charançons, chrysomèles…) n’envoient pas aussi les « utiles » ad patres ! Malgré les dénégations des fabricants ou les procès que ces firmes intentent à leurs accusateurs, les principaux ennemis des abeilles s’appellent le « Gaucho » (un imidaclopride destiné aux semences, produit par Bayer) ; le « Régent » (un fipronil, commercialisé par BASF) ; le « Proteus » (une deltaméthrine et un thiaclopride « spécial colza », de Bayer) ; ou encore le « Cruiser » (un thiamethoxam « spécial maïs », signé Syngenta)…
La liste n’est pas close, et nul n’oublie la sinistre cohorte historique des organochlorés et des organophosphorés – DDT, DDD, dieldrine, aldrine, lindane, parathion, malathion… Le vocabulaire de la mort ! Mais à quelque chose malheur est bon : l’énoncé de cette chimie du massacre ressemble à un poème obscur de Gongora.
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